Documentaire « Five Foot Two » : Tristesse impudique et surfaite d’une icône

Documentaire « Five Foot Two » : Tristesse impudique et surfaite d’une icône

Partager

Sauf si vous vivez au fond d’une grotte dans une montagne reculée, vous connaissez sûrement la pop star, licône de la mode et de toute une génération : Lady Gaga, de son vrai nom Stefani Germanotta. La machine à tubes que les fans appellent « maman » en référence à Mother monster, s’est laissée filmer par Chris Moukarbel dans le cadre du documentaire « Five Foot Two », un portrait intime et sans limites dans la vie de Lady Gaga.

 

Le contexte est celui d’une star à l’apogée de sa carrière, elle vient de finir son dernier album « Joanne », à la mémoire de sa tante morte trop jeune. Dans cet album, elle se montre sans ses costumes exubérants, le « retour aux sources », dont les Américains, sont friands. Oui ! L’homme américain adore les repentis, et ce qu’il aime encore plus c’est de voir une icône en pleine chute. Gaga étant une femme d’affaires aussi redoutable que ses talents aiguilles Alexander McQueen dans le clip Bad Romance, elle offre à la meute de quoi assouvir sa faim : une heure quarante-cinq de « I feel lonely », « I need love in my life », et « my heart is broken », tout ça entre LA et New York. 

 

Il n’est même pas question d’analyser l’esthétique du documentaire, Netflix a une formule qui marche : une image impeccable, des scènes faites de punchline, et une caméra invisible aux yeux du personnage qui lui permet de glisser partout. Mais voilà, Lady Gaga étant dans le contrôle paranoïaque de son image, elle n’est pas crédible en Monroe dépressive, on a l’impression qu’elle en fait des tonnes, comme le passage sur « le féminisme » où elle critique les producteurs qui prennent les chanteuses pour des « salopes », ou encore le moment où elle défie Madonna, etc. puis arrive l’instant émotion : Gaga est malade, son corps lui fait mal, elle se fait masser tous les jours pas sa kiné, qui lui fait des bisous tout mignons pour la calmer, et comme Jésus, la pop star se sacrifie pour ses sujets (fans), elle prépare le Superbowl malgré son état physique et sa dépression. C’est à ce moment-là que nous, spectateurs, on commence à rouler des yeux, et à penser « elle en fait des tonnes », parce qu’au-delà de sa vie chaotique, c’est son égocentrisme et sa « diva attitude » qui sont insupportables, chaque scène est un pathos indigeste fait de marshmallows, de Louboutin et de marketing voyeuriste, le genre de marketing qui dit « je suis une humaine comme vous » (à lire avec les voix de Isabelle Adjani). 

 

Pour finir, « Five Foot Two » fut l’occasion à une star déconnectée de la réalité de faire son show, et contrairement au « In bed with Madonna », le documentaire ne renseigne pas sur un personnage iconique, mais sur les maux d’une époque sclérosée par des stars qui réussissent à tout commercialiser, jusqu’à leurs larmes.